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La crise sanitaire à Madagascar et l’impact sur nos programmes

Voilà quelques éléments de l’actualité sanitaire à Madagascar.

1) Les mesures gouvernementales de confinement

Peu de cas de Covid ont été officiellement dépistés à Madagascar. A ce jour, on parle de 150 cas dont aucun décès, mais quelle est la fiabilité des chiffres ? Peut-être que certains éléments joueront en leur faveur, le climat plus chaud, la population plus jeune, la vie en plein air…

Le 22 mars, le président Andry Rajoelina a imposé un confinement total de 1 mois limité à 3 grandes villes du pays, dont Antananarivo.

Le 20 avril, l’État a prolongé l’état d’urgence sanitaire, mais en décrétant un déconfinement partiel des trois villes, avec un certain allégement des mesures

- La vie commerciale et publique reprend du matin jusqu'à 13 heures

- Certaines classes ouvrent à nouveau (les classes dites « d’examen »)

- Le transport urbain redémarre, mais pas les taxis-brousses.

Le port du masque a été décrété obligatoire à partir du lundi 27 avril (après une semaine de distribution gratuite, mais insuffisante). En cas de non-port du masque dans la rue, la sanction est immédiate (et dissuasive…) : une demi-journée de travail d’intérêt général, en général l’assainissement d’une voie publique ou de sanitaires publics.

2) Les difficultés de faire respecter le confinement

L’application de cette mesure est évidemment tout aussi problématique à Mada qu’ailleurs en Afrique, puisque l’essentiel des besoins des habitants ultra-pauvres se trouve en dehors de chez eux (l’eau, la nourriture, l’argent). Et parce qu’il n’est pas rare de voir 8 ou 10 personnes habiter dans une seule pièce. C’est donc une mesure de sécurité qui engendre une descente rapide dans la misère extrême pour les populations vivant déjà en grande précarité financière. Comme l’écrit Joro, « la plupart des Malgaches mangent le soir ce qu’ils gagnent la journée, et sont donc obligés de sortir chaque jour pour subvenir aux besoins quotidiens de leur famille ».

Un plan d’urgence sociale a été lancé par l’Etat, mais celui-ci n’est pas du tout en mesure d’assurer l’organisation de la distribution des « kits de vivres » (riz, sardines, sucre, huile, savon) aux personnes qui se retrouvent sans activité, comme les chauffeurs de taxi ou de bus, qui sont plus de 10 000, les innombrables lavandières, et autres.

Pour exemple, une distribution a eu lieu sur le parvis de l’Hôtel de Ville, une place noire de monde de 7h à 13h, en plein confinement… et jusqu’à 7 heures d’attente dans la foule pour récupérer le précieux ravitaillement…Du 6 au 9 avril, en pleine période de confinement, le président a levé l'interdiction des transports en commun pendant trois jours, pour permettre aux habitants de la capitale de "partir au village", au risque de susciter une vague de départs peu compatible avec les règles élémentaires de la distanciation sociale…. Et sans surprise, la cohue était indescriptible à la gare routière dès les premières heures du jour !

3) Le remède miracle qui fait beaucoup parler de Madagascar en Afrique

Les remèdes traditionnels font partie intégrante de la culture malgache. Aussi, à chaque épidémie sur l’île, c’est la même ritournelle, les vendeurs et les acheteurs de plantes médicinales affluent sur les marchés.

Le président malgache a beaucoup fait parler de lui : il s’emploie à unir l’Afrique dans la lutte contre cette pandémie, et à convaincre la population tananarivienne, que son "remède" permet de prévenir et de guérir la maladie. Il s’agit d’une tisane, ou d’un sirop présenté comme le médicament miracle contre le Covid, produit par l'Institut malgache de recherche appliquée (IMRA), baptisé Covid-Organics, à base d’artémisine, une plante locale connue pour ses effets contre le paludisme.

Mais de son côté, l'Organisation malgache de la santé, sur place, a émis des réserves…

4) Les nouvelles du Dr Joro à Tananarive. Extraits de mails, copiés-collés

Le 23 mars :

C’est à partir de 12h seulement que la ville devient déserte, des forces de l'ordre ordonnent tout le monde à rentrer et fermer leur boutique.

Au centre, on ne reçoit plus d'enfants, ils restent chez eux.

L'équipe a décidé qu'on va faire une distribution de vivres pour 15 jours aux enfants pour demain.

Les médecins (Dr Luca et moi) on va assurer la permanence le lundi, mercredi et vendredi de la semaine, pour les malades si besoin, les autres du personnel sont libres de venir ou non à ces jours selon la situation (transport surtout) et selon leur âge.

Je vous donne d'autres informations au fur et à mesure de la situation du pays

Protégeons Nous…

PS : Nous avons encore des masques et gants (260 environ)

(NB : approvisionnés en 2017 par P et S lors de l’épidémie de peste à Tana).

Le 7 avril :

L’accueil des enfants et la cantine sont fermés.

Au centre, aujourd'hui, nous faisons de nouveau la distribution des vivres pour 15 jours et en même temps une distribution de masques, 2 par famille, prévus pour la personne qui est obligée de sortir pour une raison quelconque.

Le 20 avril :

Suite au déconfinement partiel, nous avons décidé de reprendre le travail à partir de ce jour et de faire encore une distribution de ration non cuite pour cette semaine. Nous espérons faire une distribution de ration cuite à emporter la semaine prochaine afin de varier l'alimentation des enfants. Durant cette semaine nous préparons les mesures de protection pour l’accueil des personnes qui vont chercher les repas cuits (aux alentours de 50 personnes).

Beaucoup de chose se sont passées, la peur règne encore mais le confinement est mal digéré aussi pour pas mal de personnes dans la difficulté, le pays n'est pas du tout en mesure de prendre en charge le manque à gagner des gens même en partie

Le 30 avril

Nous avons repris le travail au centre lundi, nous distribuons les repas chauds maintenant tous les jours, pour les masques nous avons donné aux parents et aux enfants qui ont repris l'école, pour les autres on attendra le retour à l'école. L’état distribue aussi des masques mais on ne sait pas s’il arrivera à couvrir tous les quartiers de Tana.

Pour se protéger au mieux, nous avons trouvé des équipements dans nos stocks (NB : des blouses apportées lors d’une précédente mission) nous avons acheté en quantité de gel hydroalcoolique, jusqu'ici il n'y a pas d’autre besoin particulier.

Le 2 mai

Par rapport à l'évolution de la maladie, hier nous avons enregistré 14 nouveaux cas contacts (nombre relativement beaucoup pour nous), parmi les personnes contaminées, une se trouve dans notre commune et une autre (jeudi dernier) du côté de la maison de Clarisse.

Pour la cantine des enfants, nous allons continuer à faire la distribution de repas cuit à midi.

Nous sommes très vigilants par rapport à la propagation de la maladie qui commence à se rapprocher de notre quartier et d'autant plus que c'est un quartier avec des populations en promiscuité et d'hygiène précaire.

5) Les nouvelles de Sr Mauricia à Port Bergé

Concernant Port Bergé, le confinement est sans doute plus léger à la campagne mais les écoles et la cantine des Sœurs ont été fermées également.

Sr Mauricia écrivait le 2 avril : « Nous sommes vraiment dans le silence, depuis le 23 mars tout est fermé, quelques enfants sont partis en brousse, nous n’avons plus de cantine, heureusement leurs examens sont finis. Ma santé c’est mieux (NB : elle a subi une lourde opération), je ne suis pas encore bien rétablie, mais je vais continuer mon travail ».

Le 14 avril, elle nous souhaitait une bonne fête de Pâques et nous demandait l’autorisation de donner 3 kg de riz à chaque famille.

Le 14 mai, elle nous remercie pour le don de riz aux familles, elle écrit qu’il n’y a pas de cas de coronavirus à Port Bergé. Mais que de nombreuses classes sont fermées et qu'elle fait du soutien scolaire pour les enfants non scolarisés sous le préau de la cantine. Elle nous donne des nouvelles des enfants : de Aderant, actuellement suivi pour une leucémie, de Felicien tombé d’un arbre avec trauma crânien sévère, de Flaubert hospitalisé pour paludisme grave. Elle dit qu’elle va réunir tous les étudiants pour faire le point, et nous envoyer un bilan du budget du parrainage des étudiants. Elle est triste que la mission P et S de juin soit annulée.


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